De la patience du candidat à l’édition

De la patience du candidat à l’édition

Pour quelques uns, le succès doit venir très vite, possible et rare, je pense, plutôt extrêmement rare.

Je viens de faire éditer mon quinzième livre en 21 ans et quelque. Rien n’est jamais acquis : j’ai eu jusqu’à seize petits éditeurs, il m’en reste cinq dont aucun n’a les moyens de véritablement diffuser en librairie. Je diffuse essentiellement moi-même lors de séances de dédicaces dans des grandes surfaces, auxquelles s’ajoutent quelques salons du livre où pour moi les ventes sont nettement inférieures (normal, dans le premier type de diffusion, on est généralement seul à dédicacer.)

Je pratique également l’autoédition, non par choix mais par nécessité, les droits d’auteur sur un livre papier édité à compte d’éditeur étant extrêmement faibles (8 à 10 % ), perçus tardivement et hors de tout contrôle. Lire la suite « De la patience du candidat à l’édition »

Une étrange terreur (micro-nouvelle)

Cette nouvelle est présente dans mon recueil qui vient de sortir, « Chercher l’oubli à Cuba », en promo actuellement : ICI

(illustration Pixabay ; dexmac)

Je ne me sentais pas bien dans cette rue sombre. Jamais je n’étais venu dans ce quartier. Il était sale, très mal éclairé et une odeur pestilentielle régnait à la ronde. Des rats couraient dans le caniveau. Un nuage passa et cacha la lune ; l’obscurité devint presque totale ; j’avais vu les silhouettes des SDF presque se ruer sur une personne qui m’avait précédé avant de disparaître à toutes jambes.

Ils faisaient tinter leur sébile, en quête de quelque obole. Je frissonnais, mais ne pouvais plus faire demi-tour. Soudain la lune reparut et je vis à cinquante mètres de moi un de ces pauvres bougres me tendre ses mains, sur les paumes desquelles était écrit FAIM et PAIN. J’étais interloqué. Pourquoi ne parlait-il pas ? Peut-être était-il muet ? Je n’avais pas trop envie de lui donner mon argent quand déjà les silhouettes de ses compagnons d’infortune approchaient. Une sorte de panique monta en moi ; j’avalais ma salive et un goût âcre m’emplit la bouche. L’odeur perçue tout à l’heure venait de ces gens, il n’y avait pas de doute. L’hygiène leur était inconnue ou plutôt impossible. La sueur commençait à me glacer le dos ; j’étais en mauvaise posture. Mon corps était comme paralysé. J’essayais de lutter contre l’inévitable terreur qui allait s’emparer de moi.

Personne à la ronde. Toutes les fenêtres, soigneusement closes, ne laissaient filtrer aucune lumière. Je songeais à mon épouse qui devait se demander pourquoi je n’étais pas rentré à cette heure. Je m’apprêtais à frapper l’homme aux mains tendues pour me dégager et filer droit devant, lorsque je sentis deux manches crasseuses me saisir par les épaules. Mon heure était venue. L’odeur était intenable.

Je me retournai et vis un gars en loques qui me souriait ; Monsieur, dit-il, en arrivant vous aviez les mains dans les poches et en les sortant votre montre bracelet s’est détachée de votre poignet. Vous ne pouviez pas entendre car elle est tombée juste sur une grosse merde de chien. Je l’ai nettoyée comme j’ai pu, ce n’est pas parfait, mais la voici ! Vous ferez mieux chez vous.

J’étais sidéré ; ces misérables me venaient en aide. La honte me gagna aussitôt. Dire que j’aurais préféré leur refuser la moindre piécette ! j’étais devenu un salaud à mes propres yeux. Heureusement la nuit cacha le rouge qui m’était monté au visage.

Je les remerciai, ouvrit mon portefeuille et leur donnai les cinquante euros qui s’y trouvaient, regrettant de ne pouvoir faire plus pour eux, mais je me promis de repasser régulièrement ici pour prendre de leurs nouvelles et renouveler mes dons.

Je repartis confus mais heureux de cette leçon de vie qu’ils venaient de me donner ; je me promis d’être dorénavant moins con.

Un quinzième livre !

Bonjour à tous,

Après avoir fait éditer depuis la toute fin de 2002  trois récits-poésie, deux récits, deux recueils de poésie, cinq romans courts et deux nouvelles à l’unité, voici qu’arrive dans les prochains jours un recueil de nouvelles, mon premier, d’environ cent-dix pages, édité aux éditions l’Ire de l’Ours, petit éditeur d’Auvergne, une région que j’affectionne et où je devrais bientôt avoir un pied-à-terre. (vous constatez au passage que je me suis spécialisé dans le genre « court », les genres, devrais-je dire).

Il se compose d’une longue nouvelle d’autofiction qui donne son titre au livre : Chercher l’oubli à Cuba, un séjour accompli en 2001, alors que le pays venait à peine de s’ouvrir au tourisme.

Ce texte fait près de la moitié du livre. Il est suivi de douze micronouvelles de pure fiction, très diverses, à la lecture desquelles vous passerez par toute la palette des sentiments, du rire à la terreur en passant par…. vous verrez !

Voilà, j’espère que vous lui réserverez un bon accueil ; je vous donnerai les références et prix (autour d’une dizaine d’euros pour la version papier) dès que connus et je vous livre d’ores et déjà un aperçu de la couverture ( la quatrième, ce sera pour ma prochaine annonce sur Facebook Claude Colson Livres et écrits.)

À très vite et merci de m’avoir lu ici !

Note du 15 janvier : le livre sort aujourd’hui chez l’imprimeur, avant sa présence sur dilicom, au prix spécial de sortie de 8 euros (contre 10 à 12 plus tard). Suivre ce lien :

plus et/ou commande

RER, des ans plus tard (poésie)

(Bref retour à mes amours ferroviaires qui ont donné lieu à bien des poèmes, voire textes ou livre « Saisons poétiques en train »)

RER, des ans plus tard

Paris, décembre, RER lent,

Retour banlieue, chauffage bienfaisant,

Trajet d’abord souterrain,

Normal, rien de bien.

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Approche d’Austerlitz,

Accélération, sorte de « Blitz ».

Entrevoir le jour avant station, puis BNF,

C’est pour l’œil tout bénef.

Bibliothèque enfin, fin des tunnels sans fin,

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Et la lumière d’un midi sombre

Repeint le jour sans soleil, sans ombre.

Les habitations tassées défilent,

Foncent vers moi et disparaissent

Tel jeu de quilles

Dans mains de joueurs en ivresse.

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Et puis à gauche, soudain, la Seine,

Grise ce midi, pourtant sereine,

Béton lutte encore contre Nature,

Mais bientôt ce sera l’ouverture :

Une vue plus ample, prairies boisées

Réjouissent le voyageur, jamais blasé.

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Aux bois clairsemés s’accrochent restes de feuillage d’été,

Taches jaunes sur ramures décharnées.

Juvisy, la ville revient

N’abandonne pas ce combat-galérien.

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C’étaient pourtant les dernières forces d’une civilisation vaincue.

Peu après règnent ciel, prés verts, pentes herbues

Tels un chapelet de nature dont les grains, pas bien gais,

Ont pour nom Savigny, Sainte-Geneviève, Épinay

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Est-ce un Dieu qui ainsi a voulu

L’alternance de l’Humain

Avec le Non-Humain,

Comme celle de l’ombre et de la lumière ;,

Du Mal et du Bien,

Des Réponses et des interrogations sans fin ?

(illustration pixabay : AILes)

Novembremare (poésie)

90 ième pièce poétique de ma collection « La Mare »

https://www.atramenta.net/collections/la-mare/1578-913

 

Incidemment, matin

À la mare suis passé.

La presque pénombre du jour sans joie

Rehaussait, de toi, l’étrange beauté.

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Tu n’étais qu’or, bronze et ambre

Au feuillage jonché

Recouvrant ton pourtour et ta face,

Égayant l’obscurité obligée.

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Aux cieux, les yeux soudain levés,

La lumière a jailli,

La trouée, l’éclaircie,

Me laissant un instant

Abasourdi, ébloui,

Conquis.

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Oh, ma mare, mille fois encore, grand merci !

Le monde de l’édition pour auteur(s) peu connu(s) : retour d’expérience

Le monde de l’édition pour auteur(s) peu connu(s)

Tout auteur « ayant un peu de bouteille » (hic!) connaît la difficulté à intégrer ce milieu, son âpreté (au gain, entre autres, où l’auteur est la cinquième roue de la charrette, quasi la roue de secours, gagnant au mieux 8 à 10 % du prix du livre HT).

Pour ma part, depuis fin 2002, j’ai à ce jour — 10 novembre 2023 — pu faire éditer 14 livres, bientôt 15 en principe, chez de petits éditeurs.

J’en ai eu déjà jusqu’à 15 et en ai encore 4, j’espère prochainement 5, c’est normalement prévu. Lire la suite « Le monde de l’édition pour auteur(s) peu connu(s) : retour d’expérience »

Changer l’eau des fleurs- Valérie Perrin

Changer l’eau des fleurs, de Valérie Perrin

Je referme ce livre, le troisième d’affilée que je lis de l’auteure, et là je suis pratiquement « sonné ».

J’avais adoré « Les oubliés du_ dimanche » et aussi « Trois ».

Cette fois, je suis bluffé davantage encore. J’ai trouvé le livre époustouflant, remarquable. Je n’ai pas de mots.

L’auteure a tout simplement écrit LA VIE ! J’ai rarement lu un ouvrage d’une telle richesse et profondeur. Merci, Madame !

Le prochain que je lirai me paraître peut-être un peu fade.

Mi-septembre à la mare (poésie)

90 ième pièce poétique de ma collection « La mare »

 

Mare à nouveau par moi bien négligée

Tu es, ce jour, enfin en joie retrouvée.

Ta verte livrée un peu feuilles-jonchée

Leurre canes et canetons affamés.

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Ils criaillent, en quête de pitance,

Tournent, virent, comme sied à leur engeance.

À l’autre rive, toute proche, en déshérence le ponton

Démonté dresse encore ses piliers d’abandon.

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Naguère, jeunes mariés aimaient s’y faire photographier,

Dominant le plan, tout ceints de frondaisons.

Leurs silhouettes enlacées, virtuelles

Hantent ce lieu mémoriel

Pour m’adresser mine de salut fraternel.

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Voyez comme les amoureux de la place se lancent en confiance

D’invisibles signes de connivence.

Le soleil incendiaire des derniers jours a fui

Et c’est fraîcheur, plaisir, bonheur.

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On se plaît à ici jouir de la vie,

Retrouver la paix, l’équanimité, l’envie !

Les oubliés du dimanche – Valérie Perrin

Les oubliés du dimanche

Après le livre « Trois », qui m’avait enthousiasmé, j’ai poursuivi la découverte de l’auteure Valérie Perrin, avec ce livre. Je dois avouer que pour de très diverses raisons, je l’ai très mal lu, c’est à dire de manière très hachée, avec de longues pauses.

L’histoire étant assez compliquée, avec de nombreux personnages mêlant plusieurs familles et plusieurs plans temporels, je n’ai pas toujours tout suivi. Je bats ma coulpe : cette histoire aurait mérité de ma part une attention plus soutenue,

Ce que je peux dire, c’est que je n’ai pas abandonné cette «  lecture en mauvais mode » et que j’ai fini le livre sur les chapeaux de roues, dans la hâte de voir comment les derniers fils de l’instigue allaient se nouer.

J’ai terminé avec passion, dévorant les pages au point que je vais poursuivre ma découverte avec un autre livre de l’auteure : « Changer l’eau des fleurs »,

De grâce, si vous lisez « Les oubliés du dimanche », concentrez-vous mieux que moi et accordez à cet opus l’attention qu’il mérite.

Impressions de la mare en canicule (poésie)

La taie grise sur tes eaux

Aperçue l’autre jour

N’a pas gagné la mienne rive,

S’est cependant étendue sur le plan.

 

Ce sont pollens que vent apporte (;)

Et ils te teignent ; t’es comme morte.

Mais la vie en canetons se réfugie

Qui trouent le voile, en nage lente.

 

Pour deux dans l’eau, courageux,

Ce sont quatorze sur la berge

Qui, immobiles, contemplent les deux frères,

Accablés par chaleur déjà forte.

 

Dans l’enclos, tout près,

Enfants admirent chèvres et boucs

Et moi, au banc ombragé,

Je médite la tranquillité

D’un lieu privilégié

Qui, un jour, croisa ma route.