Si je m’interroge pour apprécier d’où me vient ce goût, cette presque passion, j’essaie de rassembler des sensations diffuses, des bribes de pensées, fugaces.
Certes, j’ai toujours préféré la nature en général à la ville, l’authentique face à l ’artifice. C’est le donné, l’existant, qui s’oppose à la construction des hommes, à la limite.
La nature, s’est déjà une certaine immensité dès que l’on plonge le regard vers un paysage de campagne, de forêt et, plus encore, d’océan. L’œil va plus loin et chez moi, il s’émerveille.
Mais la montagne, hiver ou été, c’est le gigantesque, la force tranquille — ou pas — qui nous ramène à notre propre petitesse, à une certaine dérision de notre existence.
Peu sportif, par nature puis par contrainte, je peux comprendre ceux qui s’attaquent à ses parois. En montagne, il est plus facile d’être soi.
Je passe la plupart de mes congés dans ce décor, à grande ou moyenne altitude ; c’est un lieu qui à coup sûr taquine ma plume, la réveille si besoin. Moi qui dans mes livres suis avare de descriptions, préférant peindre l’action, je me suis surpris à consacrer la moitié d’une nouvelle à décrire des randonnées (faites, toutes) en montagne. La montagne me rend scripturalement disert. Et des lecteurs m’ont dit « y être » ; un beau compliment.
Il n’y a que les trains qui m’ont amené, un temps, un long temps, à faire de si nombreuses descriptions dans un de mes recueils poétiques. Rien à voir ou alors ?
Dans ma jeunesse, j’ai pratiqué le ski, de piste d’abord, comme la plupart des gens, mais je réalise aujourd’hui que, n’était le danger, j’aurais de loin préféré le hors piste, la nature brute. Ce goût m’a poussé à passer ultérieurement et exclusivement au ski de fond : on y est selon moi plus près du vrai, tant dans le spectacle alentour que dans l’effort physique.
Les hasards de la vie, les choix, ont fait que je n’ai revu la montagne l’hiver depuis plus de vingt ans : je regrette la magnificence des paysages enneigés, à toute heure du jour ou de la nuit, les lumignons des bourgs qui, au crépuscule, se reflètent sur la neige, entre autres. Il faudrait, il faudra même, que j’y remédie. Mais je m’enivre de la splendeur des massifs l’été, des petites fleurs sauvages de juin aux premiers roux du pré-automne.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, la nature, la montagne surtout, la randonnée en ces lieux, me rendent heureux.
Ah, mon cher Claude, je partage avec toi cette passion de la montagne, hiver comme été.
Il est loin le temps des randonnées et des nuits en refuges… Elles me manquent.
Bien amicalement
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Quand le corps nous trahit, il reste le rêve, la lecture et les images, ami
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