De l’édition des auteurs peu connus, méconnus

(image pixabay Marisa_Sias)

Une opinion assez largement partagée

« De manière générale, on estime que les chances de publication (pour un manuscrit potable) chez un micro éditeur oscillent entre 15-20%, sont de 5% chez un petit éditeur, de 1% chez un éditeur moyen et de 0.1% chez un grand éditeur. Bien sûr, on parle ici du circuit traditionnel (via la soumission traditionnelle). »

Considérant qu’en général seules les deux dernières catégories ont véritablement les moyens d’assurer une diffusion en librairie er de faire connaître leurs auteurs, l’auteur candidat à l’édition se retrouve quasiment face à un mur, un monde extrêmement difficilement pénétrable (0,1 à 1 % de chances).

Sachant par ailleurs que la moyenne des droits d’auteurs se situe à 8 % du prix hors taxe du livre (en général de 6 à 10), on comprend que seules. quelques centaines d’écrivains en France(150 à 200 ?) vivent bien de leur plume en vendant 30 000 exemplaires de leur livre (un auteur inconnu bien édité en vend environ 400). 68 000 livres sont parus en 2021.

L’auteur méconnu se contente d’essayer de ne pas perdre d’argent en publiant ses livres.(matériel,achat de livres, transport, logement, inscription aux salons, impôts, Urssaf…)

C’est mon cas, avec à ce jour 14 livres édités et un (voire deux) en recherche d’éditeur. Mes premiers envois aux éditeurs datent de 1999. Je ne suis plus un perdreau de l’année 🙂

Deux petites expériences illustrant la condition de l’auteur non médiatisé :

L’une très bonne et hélas rarissime : j’ai participé récemment à Paris à un salon d’éditeurs, invité par un des miens qui donc payait le stand. (non abordable pour un auteur isolé). Très bonne ambiance, des centaines de visiteurs curieux, intéressés, et plutôt acheteurs ; de belles rencontres et discussions et aussi un nombre raisonnable de ventes quoiqu’encore modeste, mais tout cela fait chaud au cœur et motive à continuer.

Une autre, héla plus fréquente, trop,dans les petits salons de banlieue, province ou espaces culturels des grandes surfaces.

Instantané : je suis depuis près de deux heures dans cet hyper généraliste, stand bien placé devant l’espace librairie. Certes il n’y a pas foule, le jour précédent ayant été particulièrement propice aux achats des familles, cependant le magasin est moyennement achalandé. Les clients, pour la plupart, m’ignorent totalement en passant près de moi. À peine si certains répondent à mon « bonjour ». Pour moi, c’est la solitude du coureur de fond. J’ai la sensation d’être invisible. Il me semble d’ailleurs que la place consacrée à la littérature dans l’espace livres a un peu fondu. La culture n’est apparemment pas la préoccupation première des clients en ces temps difficiles. Comme pour me faire mentir, je viens de faire une première vente à un couple sympathique de personnes âgées avec qui j’ai pu longuement discuter. C’est réconfortant. Un peu plus de deux heures pour parvenir à ce résultat. Mais je suis tenace et garde le moral, même si c’est difficile dans ces conditions. Dure, dure, la condition de l’auteur peu connu et ceux-là sont majoritaires. Ce monde de l’édition est un milieu de « requins » , un commerce soumis à loi du profit. Ainsi va le mode,

Ce jour-là, au bout de huit heures sur le stand, je n’ai vendu que ,,,deux livres. Cela ne suffira pas à m’abattre, je repartirai ! Ténacité et espoir.

10 réflexions sur “De l’édition des auteurs peu connus, méconnus

  1. Je me retrouve dans ce que tu dis. Samedi je fus dans un furet du Nord, à Béthune. J’ai fait 7 ventes sur la journée. Parfois des gens que j’interpelais ne me regardaient même pas. J’ai eu la nette impression d’être considéré comme un moins que rien. A 17 heures je suis parti, j’en avais marre. Pour moi, c’est de la prostitution.

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  2. Pour revenir à ce qui a été écrit par Claude, j’ai fait le salon de Paris en mars 2015. J’étais éditrice et auteure. j’ai payé le stand. Même si j’ai bien vendu, on ne rentre pas dans ses frais (rien que la location du stand 3M2 à 850 euros) il faut ajouter les frais d’hôtel j’habite le sud, la restauration, le transport et j’en passe. J’ai voulu voir, j’ai vu et basta !. C’est la même chose pour les grandes maisons d’édition. Elles ne rentrent pas dans leurs frais. Cela fait partie de leur budget pub. Je préfère et de loin les salons régionaux. Nous dans le Sud on a de la chance car on a beaucoup de touristes et les lecteurs sont plus cools. Mais je reconnais que d’année en année les scores de ventes baissent. Le Covid n’a pas arrangé les choses. Un auteur auto-édité ou pas connu doit avoir plusieurs casquettes : auteur, commercial et bon vendeur… C’est fatiguant mais on n’a rien sans rien. Bises et bon courage ! Annette Lellouche

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    1. J’ai bien l’intention d’aller dédicacer dans le sud au prochain été. Ma fille habite dans le Vaucluse et nous y allons chaque année. J’ai tenté une séance de dédicaces dans une librairie de Vaison la romaine, et ça a foiré, la libraire ne m’accordait que 2 heures, de 10 à 12 heures, et comme accueil, ce fut l’horreur.

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  3. Mon cher Claude…
    Le débat est intéressant … mais il n’est pas nouveau. Quand on écrit il faut le faire essentiellement pour le plaisir. La notoriété si elle vient tant mieux, sinon on fait sans. Tu es large quand tu dis que 200 écrivains vivent bien de leur plume! D’après de multiples sources recueillies sur plusieurs années je pense que seulement une petite trentaine en vivent relativement bien. D’autres en vivent sans plus. Quant à la multitude de ceux ( comme nous) qui écrivent sans plus de prétention, ils n’en vivent pas. Il faut être réaliste puisqu’il y a plus de gens qui écrivent d’après les statistiques que de personnes qui lisent… Ton combat est louable et je partage la plupart de tes « mots » jetés sur le papier. Mais je pense qu’il ne faut pas s’illusionner. On écrit ce que l’on a envie d’écrire, d’autres ( les éditeurs, petits, ou ayant pignon sur rue) relaient nos propos ou les refusent. On est heureux d’être reconnus par certains et on déplorent les refus des autres. L’air ( ou l’ère..) du temps est ce qu’il est. Mais tu as raison de témoigner comme tu le fais. Tu fais, de toute manière, et à ta façon vivre le débat. Au plaisir de te rencontrer sur un salon ou ailleurs!
    Philippe Larcher.

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  4. Mon cher Claude,
    J’admire ta pugnacité, qui finit par porter ses fruits, mais ce qui me sidère dans ton billet, c’est le nombre de livres parus chaque année, multiplié par le tirage global (sans doute moins d’un million de volumes mis en vente annuellement, avec un nombre important d’invendus).
    Il y aurait donc environ 1% de citoyens lisant au moins un livre par an, c’est à dire presque personne !
    Comme toi sans doute, j’ai lu plusieurs milliers de livres dans ma (longue) vie, nous devrions figurer au Guinness’ Records !
    Bien amicalement

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