Mini-suite haut-jurassienne.
Dimanche :
Séjour de vacances dans une vieille ferme comtoise, près de la frontière suisse. La journée fut torride, 30°. Le soir venu, nous cherchons la fraîche, à l’ombre devant la demeure. Sur le pré : une table et quelques chaises qui invitent à ce moment de repos. Une agréable petite brise vient nous rafraîchir. Le feuilles du bouleau bruissent gaiement. Les alpages sont encore inondés d’un soleil généreux.
Nous sommes à 1080 mètres d’altitude. Devant nous se dresse la montagne, une pessière où domine le vert sombre, uniforme, presque inquiétant des épicéas, couronné par le front calcaire et blanc d’une austère falaise évoquant le Vercors.
Le silence, la nature altière, l’apaisement, sur l’azur quasi immaculé du ciel : le bonheur ! Troublé brièvement par la pétarade intempestive d’une moto fonçant sur la route proche : l’homme est ici un intrus !
Mercredi, 15 h 30 :
Nouvelle pause en terrasse, à l’ombre d’un mur car les 29° sont difficilement supportables. Nous sommes alternativement caressés par la bise et l’autan, voire le foehn, ce chaud vent du sud qui, malgré tout, nous fait du bien.
Devant nous, les alpages languissent sous le soleil. Au loin; les masses sombres des conifères barrent la vue. Quelques toits de tuiles rouges isolés égayent le paysage d’où ressortent, petites, lointaines, les taches blanches et marron des Montbéliardes paissant là en toute quiétude, nous régalant l’oreille du tintement de leurs clarines.
Sous le frôlement des vents, les feuillus bruissent doucement, emplissant l’âme d’une paix désirée; On ne peut qu’aimer ce lieu et s’y laisser vivre en farniente.
Mardi soir :
Plus que deux jours dans cet havre de paix; il y a trois jours, notre sérénité fut troublée par la perte de mes lunettes de vue, en randonnée. cet après-midi, coup de téléphone de la mairie : un agriculteur les avait trouvées et déposées là-bas : la solidarité existe encore ! J’ai gratifié l’inventeur d’une bonne bouteille d’un rouge local ; c’était bien le moindre.
La canicule a fait place à une chaleur plus modérée et même, maintenant , à 18 h 15, à une certaine fraîcheur qui impose le lainage car cette combe est très ventée;
Sur les hauteurs alentour, à 1300 mètres, je contemple une fois encore la pessière, qui m’observe en retour. Comme si nous nous comprenions. Je suis fils de la nature et ne me sens véritablement moi qu’en son sein, surtout à la montagne où les forces premières me semblent plus variées, plus brutes, plus évidentes, même si l’océan a lui aussi son charme.
La pause
Près de l’huis de notre logis,
Villégiature, moment béni,
Une terrasse bienvenue
Offre repos au randonneur fourbu.
Un vent de bise, pourtant très
chaud
Ce midi est messager du temps trop beau.
Sur fond d’alpages d’un vert prairie
Se détachent des gerbes rosátres de pavots jolis.
Ils tranchent, hauts, altiers, magnifiques
Sur le gris ardoise d’une grange
Dont seul le toit l’horizon mange.
Spectacle paisible, beauté magique.
Juste derrière encore, la ligne vert sombre
D’une sapinaie déchire le bleu du ciel,
Telle la denture couchée d’une scie d’ombre
Prête à l’envol, à tire-d’ailes.
En cet été, goûte les bienfaits
D’un Haut-Jura, jamais surfait.
Profite de chaque seconde,
C’est aussi le but d’une vie, ce qui, somme toute, nous incombe.