Au fil de la pensée…
Je vois passer devant moi une jeune femme. Elle est enceinte de quelque 7 ou 8 mois.
C’est un peu étrange de soudain penser que pour moi, comme pour nous tous, le voyage a commencé de cette façon : par un transport dans un corps.
Puis vint le largage, le lâcher dans le monde, avec pour point de départ le sexe d’une femme, ce qui pour nombre d’hommes deviendra « cet obscur objet du désir. »
Peut-on dire que pour les hommes mâles tout part et tout arrive à ce sexe, rêvé, désiré, fantasmé. Bien peu de chose en soi et pourtant ! N’a-t-il pour pendant que le désir féminin ? Probablement. On pourrait imaginer un schéma similaire pour la majorité des femmes : partir du et arriver au sexe masculin.
Étranges pensées qui me parcourent en cet après-midi de dédicaces en grande surface commerciale, exercice de plus en plus difficile, surtout à l’approche d’une fin de mois où la plupart des gens ont pour principale préoccupation la survie. D’abord la bouffe et ensuite la morale, disait déjà Bertolt Brecht.
Un quidam de passage, inconnu, assez âgé et donc d’expérience, me lance : les gens ne lisent plus de nos jours !
C’est en bonne partie exact. Beaucoup écrivent, en revanche. Tout n’est peut-être pas perdu. Quoique !
Les déclinistes diraient que notre civilisation va à vau-l’eau et il est certain que l’on peut au moins s’interroger.
Il nous reste à agir, chacun à son niveau. Pour moi, tout comme pour beaucoup d’auteurs, c’est poursuivre notre tentative de propager l’amour des lettres.