Extrait de « Deux, pair et manque », roman

( Situation : un quinquagénaire, Bertrand, a un jour la révélation que son père ne serait peut-être pas son père. Ces bruits, venant s’associer aux rumeurs qui lui étaient parvenues treize ans plus tôt et qui avaient alors donné lieu à des recherches vaines le déterminent à reprendre sa quête, poussé par le besoin de savoir qui il est vraiment…

Il se décide à appeler Marcel, le fils de son peut-être vrai géniteur, Gustave (Bertrand a vaguement connu les deux trente ans plus tôt):

 

… Peu après, Bertrand se résout à appeler des membres de la famille de Gustave susceptibles de savoir : il avait deux filles plus âgées et un garçon, Marcel, conçu plus tardivement, celui qui passait, lui aussi, de temps à autre chez ses parents.

Les deux sœurs, il ne les pas vues depuis plus de 25 ans. Il a fallu qu’il se procure leurs coordonnées sur Internet, ce qui ne fut pas facile.

Il commence par l’aînée, Denise, celle qu’il connaît le moins, juste rencontrée une ou deux fois alors qu’il était encore enfant.

« J’ai bien entendu des bruits, mais je n’ai pas voulu approfondir. J’étais déjà mariée à l’époque et je ne voyais pas souvent mes parents. Le passé est le passé.  À quoi bon approfondir ? »

Bertrand entend encore sa formule finale.


Tous ces gens qui prétendent me dissuader de chercher ! Ça devient suspect. Je continue.

C’est alors au tour de Pauline, la sœur jumelle de Marcel de devoir répondre à ses questions. Elle paraît complètement surprise de la nouvelle, ébahie même. Sa réaction semble naturelle, spontanée et Bertrand se dit qu’on ne peut sans doute pas feindre à ce point. Elle l’invite même à venir chez elle à l’occasion, s’il repasse par le sud de la Picardie, leur lieu d’origine. « Je veux voir si tu ressembles à Marcel ! Ça alors ! »

Bertrand n’en sait toujours pas plus. Il va falloir qu’il téléphone à Marcel ; jusqu’ici il avait été un peu réticent. Marcel avait employée sa mère et elle et lui  avaient fini par se fâcher. Elle avait déjà plus de soixante ans quand il était venu la chercher, puis, dix ans plus tard, il lui avait clairement laissé entendre qu’il préférerait  se passer de ses services, ce qu’elle n’avait pas apprécié.  Il  passait pour être un homme qui aimait l’argent et il avait d’autres projets nécessitant une employée plus jeune, sans doute.

Après tous les échecs, Bertrand n’a cette fois plus le choix.  Marcel est quasiment sa dernière chance d’obtenir des informations. Un beau jour, il prend son courage à deux mains.

– Allô, Marcel ?

– Oui,

– Ici, c’est Bertrand, tu te souviens, le fils de Marie, ton employée il y a douze ans.

– Ah, Bertrand, il y a longtemps qu’on ne s’est plus parlé, je suis bien content. Qu’est-ce qui t’amène ?

–  Tes sœurs ne t’ont rien dit ? Je les ai appelées aussi il y a une semaine.

– Non, je n’ai pas eu de nouvelles ; qu’est-ce qu’il y a ?

– Ben, figure-toi que je viens d’apprendre que peut-être, je dis bien peut-être, je ne serais pas le fils de Jean-Baptiste, mais de ton père, Gustave. Il paraît que tout le village le savait…

– Allons, c’est des bêtises tout ça ; c’est pas possible, ta maman était beaucoup trop sérieuse ! J’y crois pas du tout.

– Toi, tu sais quelque chose de précis ?

– Rien du tout, je te le dirais, mais ça me fait plutôt rigoler.

– Moi pas, j’aimerais bien en avoir le cœur net, ça fait pas mal de temps que ça me turlupine.

– Laisse tomber, Bertrand, c’est tellement vieux, tout ça ; et puis, les gens sont méchants, ils racontent n’importe quoi. Ne les crois pas ; ta maman te l’aurait dit,

– Ouais, sans doute, mais je ne sais plus à quoi m’en tenir maintenant ; je ne pense plus qu’à ça.

– Écoute, moi, moi j’y crois pas un instant et tu devrais faire comme moi. Si tu reviens dans le secteur un de ces jours, tu peux passer à la maison, on sera content de te revoir, depuis tout ce temps.

– D’accord, Marcel, c’est gentil, je verrai, mais je ne rentre pas souvent au pays ; je n’y ai plus d’attaches.

– En tout cas la porte est ouverte ! Allez, au revoir, Bertrand !

– Au revoir, Marcel. Bonjour à ta femme.

Bertrand reposa le combiné avec un étrange sentiment. Le ton de son interlocuteur lui avait paru manquer de sincérité. Et puis il s’était empressé de nier avec une telle vigueur, n’entrevoyant pas même la possibilité d’un autre terme à l’alternative ! Bertrand trouvait cela très anormal. Sa réaction avait été bien différente de celle de ses deux sœurs, comme s’il voulait lui cacher quelque chose…/

Achat, version papier 13 euros

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pdf 6 euros

http://librairienumeriquemonaco.com/fr/biographie-autobiographies/1206-deux-pair-et-manque-pdf.html

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