La Mare, à la Saint Martin (réflexions)

mare saint martin

(écrit avant les événements parisiens du 13 novembre). Ce texte est une des 22 pièces actuelles de ma collection « La Mare », sur le site atramenta

Elle repose et m’accueille, comme de coutume, immuable dans son indifférence comme toujours différente d’apparence.

L’air est gris, paré d’un reflet d’acier, sans éclat. Un tout petit vent frais circule ; je suis vêtu de façon bien trop limite pour pouvoir l’affronter longtemps. Le parc est pratiquement désert en cet après-midi peu engageant.

Ce jour-ci, ce n’est pas la poésie qui me vient, comme souvent en ce lieu, ce sont les souvenirs qui accourent.

Je me retourne vers les époques lointaines de mon enfance. Martin était le saint patron de mon village. Dans les années 50, nous autres gamins, enfants de chœur, devions accompagner le curé – en mini procession et en habits –  jusqu’à la chapelle qui lui est dédiée, quelques rues au-delà de l’église.

Si ma mémoire ne s’égare, il n’y avait déjà plus de fidèles et c’est très réduite que notre petite troupe accomplissait ce pèlerinage.

Il est ainsi revenu plusieurs années de suite, donnant un rythme à ma vie : les choses paraissaient alors établies une fois pour toutes.

Et le temps a passé, s’est écoulé à travers moi ainsi qu’à travers ceux d’alors, tout comme il file au travers de tous, souvent à leur insu, tant qu’ils parcourent une jeunesse qu’ils jugent éternelle.

C’est un privilège que j’ai de pouvoir considérer rétrospectivement ces années. Tous ne l’ont pas, ne l’ont pas eu ou ne l’auront pas.

Vieillissant, on acquiert par moments une sorte de paix intérieure, une sérénité devant cette course de relais qu’est la vie. Il convient d’essayer de la passer correctement, riche de cette prise de conscience et des expériences accumulées.

Rien de triste dans tout cela ; une simple adhésion – tardive pour certains – à une nécessité.

Passer, oui, mais passer bien, autant que faire se peut. Et merci si c’est le cas. Nous avons la chance de vivre dans un pays où c’est globalement possible. Puisse cela durer encore longtemps !

Les petites joies du quotidien, la beauté, partout où elle se trouve, comme déjà, par exemple, fouler l’épais tapis de feuilles – mortes mais splendides de toutes ces nuances de jaunes et marrons – qui me cachent totalement le sentier. Apprécier le chuintement craquant que leur déplacement fait monter à mes oreilles. L’absence de pluie. Se réjouir d’avoir créé ce petit document, d’avoir – comme je dis souvent – ajouté au monde quelque chose qui n’y était pas, imaginer la joie de vous le proposer ici. La vie !

(P.S. : je présente ce dimache 15 novembre tous mes livres au 9 eme salon littéraire de La Louptière Thénard, Aube)

3 réflexions sur “La Mare, à la Saint Martin (réflexions)

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