Hommage littéraire au train, ce livre, mon huitième et dernier édité pour le moment, est paru en décembre 2014, disponible ici (avec visuel): http://www.hfedition.com/saisons-poetiques-en-train-claude_colson-c2x15489734 Il comprend 80 poèmes « de train » (vers libres) et 20 tout petits textes en prose sur le même thème. Des extraits et descriptifs sont déjà lisibles sur ce blog dans la page dédiée ou dans la catégorie »Plus sur mes livres ». Voici un nouveau passage tiré de l’ultime partie, faisant suite aux quatre saisons, et dont l’intitulé est Fin de partie, derniers voyages en train :
DE MON TRAIN
La tache rouge des coquelicots flamboie dans le soleil matinal et vient parer le lumineux du vert des herbes folles. Ce paradoxe de nature vient, étrangement, humaniser la voie ferrée.
C’est le départ. La vitesse fait défiler le rail d’à-côté, qui se réduit à la rectitude tenace d’un long éclat blanc.
Par la fenêtre, le spectacle extérieur s’anime alors, au premier plan, tandis qu’un peu plus loin il retrouve sa rassurante fixité. Mais la gare passée, il se déplace. Deux femmes sont venues s’asseoir face à moi. Maintenant elles sont quatre sur la travée et visiblement ne se connaissent pas.
Juillet a dénudé leurs épaules dorées. Robes légères à effet paréo, couleurs vives, lunettes de soleil sur le crâne – couronnant les longs cheveux blonds – pour l’une, sagement sur le nez pour une autre : impression de mystère dans l’ombre du compartiment.
La contemplation de cette autre moitié de l’humanité pourrait être infinie. Si attirante ; pas comme nous autres, les mâles. Magnifique complétude, « exaltante alliance des contraires », à la René Char.
Station. Trois d’entre elles descendent. La quatrième a ôté ses lunettes, laissant paraître sous le fard harmonieux le translucide du regard. Mais non, elle quitte la voiture ! Plus personne d’autre sur ce groupe de huit sièges. Je reste seul avec mon écrit, perplexe, indécis, quand un rayon de soleil vient incendier le grenat du siège voisin. Je souris : la vie est là !
( in « Saisons poétiques en train, voyages au fil de la vie, poèmes et réflexions »)
On est dans un espace clos pendant le temps d’un trajet, dans une intimité articielle et éphémère. On peut s’observer se demander si, supposer que… et puis un arrêt et tout s’en va, tout descend du train!
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Mais on peut toujours… prendre le train en marche. 😉
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Et un très beau commentaire reçu ce matin :de Gisele Leconte. « Tout banlieusard en sait long sur la grisaille du RER, ses odeurs de fer rouillé et de salissures, ses ensommeillements du petit matin, ses lassitudes du soir, ses moiteurs exécrables, tout banlieusard connaît cette locomotion fort peu encline à la contemplation et à l’extase. Pourtant, Claude Colson, le poète au cœur tendre et au regard en éveil, transforme nos allers-retours quotidiens, en une balade colorée, suave et sensuelle,
Voyage entre l’au dehors de derrière la vitre qui renvoie l’écho normatif de l’agitation des saisons et l’épicentre en interne des voitures, où chacun semblable à l’Autre, se recroqueville,en face à face. Les vies, les rêves, les sentiments, les émotions, de ces Autres que l’on reconnaît au fil des stations sans se connaître jamais…Mais toujours la beauté présente !
Ce recueil est magnifique de sensibilité, de réalisme, tout voyageur de RER s’y reconnaîtra !
C’est un très beau recueil à découvrir . »
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Ce beau texte me rappelle « Les Passantes » de Georges Brassens… A peine entrevues et aussitôt disparues. Merci Claude !
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Merci ; toujours content de te voir passer ici, Daniel, et surtout de t’avoir retrouvé.
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