Une séance de dédicaces en hypermarché généraliste

Généraliste car les Fnac, Cultura ou autres enseignes du genre semblent généralement plus frileuses pour accueillir des auteurs inconnus du grand public ou simplement peu connus. Elles sont plus gourmandes aussi, tout comme les libraires : 30 ou 35 % du prix du livre, ce qui ne laisse quasiment rien à l’auteur s’il achète ses livres en général à ce même taux, les petits éditeurs travaillant difficilement avec les libraires, là où l’auteur, dans ce cas, peut espérer ses 8 à 10 % de droits d’auteur payés, au mieux, une fois l’an.

Avec les hypermarchés généralistes on négocie plus facilement 20 % de commission pour l’enseigne.

Le revers de la médaille est que depuis la COVID, les lecteurs-acheteurs sont ici beaucoup plus rares. Acheter des vivres, produits de beauté ou d’entretien n’est pas la même chose qu’acheter des livres papier.

Alors qu’il y cinq ou six ans, en 8 ou 9 heures de stand je pouvais régulièrement vendre 10 à 20 livres, aujourd’hui ce peut être 3 à 5. Je suis un auteur qui aime le contact avec le lecteur, mais pas le rentre-dedans pour vendre à tout prix,

Consolation, c’est toujours plus que dans les petits salons du livre de la grande couronne où il y a la concurrence de 20 voire 40 auteurs pour la même « force d’achat ».

Ce jour-là, en plus de deux heures, j’ai vraiment discuté avec une seule personne et sur autre chose que le contenu de mes livres, même si cela avait trait à l’édition.

Au bout de plus de 7 heures effectives sur le stand, ce fut, en discussion réelle, avec trois personnes, la plupart des clients du magasin ne jetant pas un regard à cet olibrius qui a la prétention de proposer ses livres. (La semaine dernière, ma compagne relevait sur FB les propos d’un auteur désabusé qui disait que dans un lieu semblable, les gens discutaient, parfois longuement, mais n’achetaient pas au final ; il semblait vouloir cesser cet exercice. Au moins il discutait et ce peut également être intéressant.)

Ne vous méprenez pas, je suis reconnaissant envers ces grandes surfaces qui nous font la gentillesse de nous permettre de tenter de sortir de l’anonymat, mais pour moi, depuis la Covid, cela ne fonctionne plus guère. Plus de 7 heures effectives pour vendre… deux livres ! Je commence à douter fortement de la pertinence de ces séances dévoreuses de temps et d’énergie.

Le manager du rayon me disait qu’actuellement, en France, la période n’était pas favorable (par ex, deux fois moins de ventes de livre avant Noël que l’an dernier) : perte de pouvoir d’achat, sinistrose, événements internationaux, augmentation des impositions etc.

Peut-être que de meilleures époques reviendront. Pour ma part, je pense que durant quelque temps je vais cesser de réapprovisionner les stocks de mes 15 livres édités et « tourner » encore avec ceux qu’il me reste (passablement encore). Les lecteurs intéressés pourront toujours me joindre sur le net ou autre ou commander sur les réseaux de distribution.

Nous verrons peut-être le retour de temps plus favorables. Depuis 2011, j’ai fait 262 jours de dédicaces ; je songe à légèrement lever le pied.

Laisser un commentaire