Éloge de la phrase courte (humour)

De_la_brievete_de_la_vie

A vous, frères humains qui après nous vivrez, à mes rares amis, à mes nombreux ennemis, à vous, Mon Révérend, à Monsieur le très respectable Président de l’Orphéon, à Madame le Colonel des Pompiers, aux gentes dames, damoiselles et damoiseaux, à moi-même, j’en passe et des meilleurs, et cætera, je voudrais en ce beau jour de l’an de grâce deux mille sept, le trois avril dudit, parler très brièvement je l’espère, car je ne voudrais pas vous lasser et cela arrive vite dans les discours, plus vite qu’on le croit, d’un sujet qui me tient tout particulièrement à cœur depuis des lustres et des lustres, tout comme à vous, je n’en doute pas, alors que nous sommes tous réunis ici, au pied de la butte, plus exactement à mi-butte, bien calés, endimanchés comme il se doit, les messieurs en gibus et frac, les dames en crinoline , les demoiselles en jupette et les garçonnets en culotte courte, j’ai nommé, vous m’entendez bien et n’en concevez aucune crainte,ce serait totalement infondé, la phrase courte, dont je me propose ce matin de faire l’éloge funèbre car il ne vous a pas échappé qu’à notre époque, caractérisée par toutes sortes d’inventions diaboliques, plus faramineuses les unes que les autres, ladite phrase courte semble avoir vécu – et ce définitivement – puisqu’on peut constater régulièrement et à de multiples reprises dans quelque milieu que ce soit une sorte d’accroissement funeste, voire pernicieux, de son bien regrettable mais réel désemploi, qui va s’amplifiant plus les générations se succèdent, de sorte que pratiquement plus personne ne sait correctement s’exprimer avec la concision qui sied à un honnête homme, fût-il de sexe féminin, sauf peut-être lorsqu’une grosse dame dans le métro, par exemple, mais cela pourrait tout aussi bien être ailleurs, où vous voulez en fait, vous marche malencontreusement sur le pied droit ou gauche, c’est selon, et que vous devez alors contraint et forcé supporter d’un orteil maussade son poids, tout son poids qu’on peut dire en l’occurrence, n’ayons pas peur du mot, pesant, ce qui sans aucun doute vous amène communément dans un mouvement naturel visant certes à exprimer une douleur soudaine et féroce, à proférer un, voire plusieurs « aïe » bien sonore(s) dont les puristes ne manqueront sans doute pas et plus que vraisemblablement de contester vigoureusement la nature de phrase, car sauf à admettre, ce qui reste discutable,en particulier pour ceux que l’on nomme ou qui se nomment eux-mêmes « experts « , l’existence d’un type de phrase qu’on pourrait avec hardiesse qualifier en quelque sorte d’adjectivo-adverbo-interjectionnale, ce qui corrobore la théorie qui énonce que…merde, ma phrase est trop longue et… que…vous n’êtes plus là.

( Arrêt volontaire ce cette phrase courte qui semble pouvoir ne pas cesser).

4 réflexions sur “Éloge de la phrase courte (humour)

  1. Blague à part, c’est dans l’air du temps… Tous les jours ou presque, les éléphants accouchent d’une souris, après avoir rameuté le ban et l’arrière ban… On va voir ce qu’on va voir… Ah bon, vous ne voyez rien ? Sans doute un problème de lunettes !

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