Mon lac d’avril se veut printemps.
Cet après-midi a convoqué Beau-temps;
Trois oies nagent, tranquilles.
Deux, de conserve, la troisième appelle,
Mais se laisse distancer près l’île ;
Elle préfère sa nourriture grappiller, la belle,
Pourtant elle les rejoindra, folâtre fille ;
Ici nul ne se perd, se retrouve tôt ou tard.
L’endroit est circonscrit ; s’égarer est un art.
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C’est une race sauvage, jolie, élancée.
Familier des lieux, un jars pourtant,
Plumage marron-écailles, col noir et blanc,
Ne craint de venir bien près quelque miette chercher.
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Plus, loin des poules d’eau se poursuivent,
Volant au ras du plan, bouts de pattes immergés
Faisant jaillir l’argent en pointillés.
Un sillage de balles traçantes et vives
Au bruit saccadé qui, l’oreille flattant,
Évoque de la mitraille le tacatac puissant.
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Des enfants, près des canards, jouent sur la plage :
Des cris, des courses, des jeux de leur âge.
Le gravier crisse sous leurs pas,
Moi, je jouis du temps qui bat.
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C’est encore un aspect, charmant, de la vie
Qu’attentif on peut trouver ici.
L’instant y est précieux,
On le voit, on le sait, on le sent en ce lieu.